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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/409

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voulus condescendre, ce dont il eut du mécontentement, quoique sans raison. Je lui représentois qu’il étoit bien raisonnable que, quoi qu’il arrivât, je me trouvasse en l’état où j’étois entré en cette charge, où, ne voulant rien profiter, il étoit plus que juste que je ne me misse en hasard de perdre tout.

Je lui représentois encore que, si je me défaisois de mon évêché, il sembleroit que j’eusse acheté et me fusse acquis l’emploi de la charge où il me mettoit, au prix d’un bénéfice, ce qui ne se pouvoit en conscience, et ne seroit pas honorable ni pour lui ni pour moi. Mais toutes ces raisons ne le contentèrent point, et le sieur Barbin, qui étoit plus pratique de son humeur que moi, me dit que, quoi que je pusse faire, il ne seroit pas satisfait s’il ne venoit à ses fins, parce que son intention étoit, en me dépouillant de ce que j’avois, de me rendre plus nécessairement dépendant de ses volontés. En quoi il témoigna être véritablement mon ami, en me fortifiant sous main dans la résolution que j’avois prise de ne me défaire pas de mon évêché.

Quant au sieur du Vair, jamais homme ne vint en cette charge avec plus de réputation, et ne s’en acquitta avec moins d’estime ; si bien que le choix qu’on fit de sa personne ne servit qu’à faire connoître la différence qu’il y a entre le palais et la cour, entre rendre la justice aux particuliers et la conduite des affaires publiques. Il étoit rude en sa conversation, irrésolu ès moindres difficultés, et sans sentiment des obligations reçues.

Messieurs de Bouillon et de Mayenne avoient un tel pouvoir sur son esprit, qu’il ne pouvoit s’empê-