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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/413

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que pensée de se retirer d’avec la Reine sa mère, et s’en aller à Compiègne, où il savoit bien que tous les autres princes et lui n’auroient pas manqué de le venir trouver.

Cet avis encouragea fort les princes, qui donnèrent ordre au cardinal de Guise de ménager auprès de M. de Luynes tout ce qu’ils pourroient en cette occasion. L’affaire fut si bien suivie que La Chesnaie, gentilhomme ordinaire du Roi, qui avoit grande part auprès dudit sieur de Luynes, leur envoya Génié, par lequel il leur fit savoir la mauvaise volonté que le Roi portoit au maréchal d’Ancre, et le mécontentement qu’il avoit de ses comportemens, les conviant tous de se maintenir bien unis ensemble, et, quoi qu’on leur pût dire, n’entendre à aucune réconciliation avec lui.

Nonobstant toutes ces choses, le changement des ministres les étonnoit ; car ils crurent que, n’ayant plus personne de leur intelligence dans le ministère, leurs actions seroient reconnues pour ce qu’elles étoient, et plusieurs détrompés de ce qu’on en avoit fait accroire à leur avantage contre la vérité. Ils ne se rapprochèrent pas néanmoins de leur devoir ; mais, au contraire, s’affermissoient dans leur rebellion, le duc de Nevers tout ouvertement, M. de Bouillon couvertement et sous main, décriant le gouvernement aux pays étrangers, et envoyant exprès en Hollande, à Liége et en divers lieux d’Allemagne pour en parler mal ; entre lesquels le sieur du Pesché étant à Liége, et se laissant aller, selon qu’il lui étoit commandé, à parler autrement du Roi qu’il ne devoit, un gentilhomme liégeois, abhorrant cette infidélité,