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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/415

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peu plus couvert, eut bien la hardiesse d’écrire au Roi, en se plaignant de ce que les troupes que Sa Majesté avoit en Champagne lui donnoient jalousie, et que l’ambassadeur du Roi à Bruxelles empêchoit la liberté du commerce avec Sedan, duquel il sembloit que Sa Majesté ne voulût plus embrasser la protection ; ce qui l’obligeroit à s’aider des remèdes que la nature permet à un chacun pour sa propre défense.

Sa Majesté lui fit réponse, le 27, avec plus de vigueur que l’on n’avoit pas accoutumé du temps des autres ministres, lui remontra son mauvais procédé, que la plainte qu’il lui faisoit n’étoit que pour prévenir celles que le Roi avoit sujet de faire de lui, ou tenir les peuples en une fausse créance qu’ils étoient maltraités ; que ce qu’il disoit du commerce qui n’étoit pas laissé libre à Sedan du côté de la Flandre, n’étoit que par l’empêchement qu’y avoit fait l’ambassadeur du Roi au passage des armes qu’il en vouloit faire venir contre son service, et que s’il étoit sage, au lieu des remèdes dont il menaçoit qu’il se servirait pour sa juste défense, et que Sa Majesté n’entendoit pas, et seroit bien aise d’en être éclaircie par lui, il n’en rechercheroit point d’autre que la bonne grâce de Sa Majesté, à laquelle il étoit obligé de tout le bien qu’il avoit. Ce procédé vigoureux du Roi sentant plus sa majesté royale que la conduite passée, n’étoit pas néanmoins bien reçu à cause du maréchal d’Ancre, l’audace duquel et la haine qu’on lui portoit étoient telles, qu’elles faisoient prendre en mauvaise part, et du peuple et des grands et du Roi, tout ce qui autrement étoit de soi et eût été reconnu le plus avantageux au service de Sa Majesté et au bien de l’État.