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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/442

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Au lieu que les sages, pour éviter l’envie, se contentent d’un pouvoir modéré, ou le cachent s’il est extrême, il vouloit pouvoir tout, et faire croire qu’il pouvoit ce qu’il n’eût pu vouloir sans crime ni l’espérer sans punition. Il étoit homme de bon esprit, mais violent en ses entreprises, qui prétendoit à toutes ses fins sans moyens, et passoit d’une extrémité à l’autre sans milieu.

Il étoit soupçonneux, léger et changeant, tant par son humeur que sur la créance qu’il avoit que, quelque liaison que l’on pût avoir avec un étranger, sa domination est toujours désagréable : outre que, comme il étoit de sa nature peu reconnoissant par l’excès de son ambition, qui lui faisoit avouer avec déplaisir qu’il fût obligé à personne, il croyoit que dès qu’il avoit obtenu quelque chose d’importance pour quelqu’un de ses amis, ceux pour qui il l’avoit fait désiroient sa ruine pour être dégagés de la reconnoissance des services qu’ils lui devoient pour les biens qu’ils en avoient reçus. Et l’état auquel il se trouvoit, lequel il pensoit être au-dessus de la condition de pouvoir recevoir déplaisir de personne, faisoit qu’il cachoit si peu ses défiances et les montroit si manifestement, qu’il désobligeoit entièrement ses amis, ce qui étoit cause de grands maux ; car les cours étant pleines de flatteurs, et la grandeur n’en ëtant jamais désaccompagnée, il ne manquoit point de personnes qui, pour lui faire plaisir, lui donnoient des ombrages et des défiances, desquelles étant de son naturel trop susceptible, il prenoit sujet de haïr ses amis.

Mais un autre mal bien grand naissoit de ses soup-