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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/446

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messieurs firent pour son bien quelque difficulté, de crainte qu’on lui reprochât qu’il eût porté la Reine à conseiller le Roi de prendre les armes contre ses sujets pour l’enrichir de leurs dépouilles.

Pour leur ôter le moyen de prévenir Leurs Majestés, il en parla précipitamment à la Reine, qui, jugeant sa demande indiscrète, l’en refusa de son propre mouvement, et lui parla en leur présence avec tant d’autorité et de sentiment du déréglement de ses désirs, qu’il ne put cacher, dans son visage et par ses paroles, qu’il n’en fût extrêmement touché. Mais, pour ne point céler la cause de son déplaisir, il ne se piqua pas tant de l’action que des circonstances, et le refus ne l’offensa pas tant que les témoins.

Il lui fâchoit qu’on s’aperçût qu’il eût plus de réputation que de force, qu’il subsistoit plutôt par son audace que par une véritable confiance. Pour preuve de quoi, la Reine s’étant retirée en colère dans son cabinet, il fit mine de la suivre ; et, ressortant incontinent, bien qu’il n’eût point parlé de cette affaire, les assura qu’il avoit obtenu la gratification qu’il désiroit ; ce qu’ils jugèrent plus mystérieux que véritable, et le reconnurent clairement l’après-dînée, la Reine nous témoignant une extrême indignation de ses insolentes procédures, et que, pour rien du monde, elle ne lui accorderoit ce qu’il demandoit. Mais, au lieu d’en profiter, il s’affermit de plus en plus dans le dessein de changer les ministres.

L’unique péché qu’ils avoient commis étoit qu’ils avoient la réputation de bien servir le Roi, dont quelques flatteurs prirent occasion de lui dire qu’on ne parloit plus de lui par la France, mais qu’ils