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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/458

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Le sieur de Vitry le lui ayant promis, le sieur de Luynes, qui appréhendoit qu’on prît soupçon si on les voyoit souvent parler ensemble, lui donna rendez-vous pour se trouver la nuit, avec ordre de la part du Roi de recevoir ce qui lui seroit dit par ceux qu’il trouveroit audit lieu, comme si c’était de la bouche du Roi. L’heure de l’assignation étant venue, le sieur de Vitry fut étonné que s’étant trouvé au lieu prescrit, il vît les sieurs Tronçon et Marsillac, dont il connoissoit la réputation, Déageant et un jardinier des Tuileries. Si jamais homme a été étonné, il a dit franchement depuis que c’étoit lui, entendant l’importance de la proposition qui lui fut faite par des gens tels que ceux qu’il voyoit.

Il le fut bien encore davantage quand, par discours, il apprit qu’ils n’étoient pas seuls qui avoient connoissance de ce dessein. Cependant l’espérance de faire une grande fortune, et l’engagement auquel il étoit déjà, le portèrent à entreprendre l’exécution, et Dieu permit qu’ainsi que l’expérience fait connoître que souvent le secret et la fidélité que les larrons se gardent, surpasse celle que les gens de bien ont aux meilleurs desseins, celle qui fut gardée en cette occasion fut si entière, que, bien que beaucoup de personnes sussent ce dessein, il fut conservé secret plus de trois semaines, en attendant une heure propre pour son exécution, qui arriva le 24 d’avril, que le sieur de Vitry, accompagné de quelque vingt gentilshommes qui le suivoient négligemment en apparence, aborda le maréchal d’Ancre comme il entroit dans le Louvre et étoit encore sur le pont. Il étoit si échauffé ou si étonné, qu’il le passoit sans l’aperce-