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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/460

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pour empêcher les diverses avenues de sa chambre.

Il courut un bruit par la ville que le Roi avoit été blessé dans le Louvre, et autres disoient que c’avoit été par le maréchal d’Ancre. Sur cette rumeur on ferme les boutiques, on court au Palais et au Louvre : Liancourt fut envoyé par la ville dire que le Roi se portoit bien, et que le maréchal d’Ancre étoit mort. Le colonel d’Ornano en alla aussi avertir le parlement ; et, afin que ces faux bruits ne fussent portés dans les provinces, le Roi y écrivit ce qui s’étoit passé, que l’abus que l’on faisoit de son autorité qu’on avoit toute usurpée, sans lui en laisser quasi que le nom, de sorte qu’on tenoit à crime si quelqu’un le voyoit en particulier et l’entretenoit de ses affaires, l’avoit obligé de s’assurer de la personne du maréchal d’Ancre, lequel, ayant voulu faire quelque résistance, auroit été tué, et que désormais Sa Majesté vouloit prendre en main le gouvernement de son État ; et partant qu’un chacun eût à s’adresser à lui-même ès demandes et plaintes qu’ils auroient à faire, et non à la Reine sa mère, laquelle il avoit priée de le trouver bon ainsi.

Lorsque cet accident arriva j’étois chez un des recteurs de Sorbonne, où la nouvelle en fut apportée par un de ses confrères qui venoit du Palais ; j’en fus d’autant plus surpris, que je n’avois jamais prévu que ceux qui étoient auprès du Roi eussent assez de force pour machiner une telle entreprise. Je quittai incontinent la compagnie de ce docteur célèbre, tant pour sa doctrine que pour sa vertu, qui n’oublia de me dire fort à propos ce que je devois attendre d’un homme de son érudition sur l’inconstance de la for-