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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/467

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couronne, tant elle étoit en crainte perpétuelle qu’il ne lui arrivât quelque désastre, qu’elle ne pensoit pas être en sûreté si elle n’avoit sur soi des trésors pour se racheter : elle ne pouvoit néanmoins porter ceux-là sans faute ; car, outre qu’elle sembloit se les vouloir approprier, les choses de cette nature doivent être toujours gardées en un lieu stable et sûr, et non sur une personne où elles couroient plusieurs sortes de hasards.

Le baron de Vitry se saisit desdites bagues, et mena la maréchale en la même chambre où M. le prince avoit été mis prisonnier. À l’instant on envoya aussi au logis dudit maréchal se saisir de ses meubles et papiers ; mais le plus de bien qu’il avoit fut trouvé sur sa personne, ayant sur lui des promesses pour 1, 900, 000 l. Une partie de sa maison fut pillée, et entre autres la chambre du fils dudit maréchal, que Vitry mit en la garde de quelques soldats jusques à ce que le Roi en eût ordonné. Son père le faisoit appeler comte de La Pene, qui est une bonne maison d’Italie, de laquelle il disoit être descendu. C’étoit un jeune garçon de douze ans, bien nourri, qui promettoit quelque chose de bon, et qui méritoit une meilleure fortune : car, quant à sa fille dont nous avons tantôt parlé ès années précédentes, de laquelle il espéroit faire une grande alliance, elle étoit morte le premier jour de janvier de la présente année. Dieu, ayant pitié de l’infirmité de son sexe, la voulut soustraire aux désastres qui la menaçoient si elle eût vécu jusqu’alors. Le baron de Vitry[1] fut fait à l’instant maréchal

  1. Le baron de Vitry : On se rappelle que l’année précédente le bâton de maréchal de France avoit éte donné à M. de Thémines, pour