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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/482

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L’après-dînée le Roi lui vint dire adieu. D’abord qu’elle le vit, son cœur, qui n’avoit point été ému, fut tellement touché qu’elle fondit en larmes ; puis, avec des paroles entrecoupées de sanglots, lui tint ce langage :

« Monsieur mon fils, le tendre soin avec lequel je vous ai élevé en votre bas âge, les peines que j’ai eues pour conserver votre État, les hasards où je me suis mise, et que j’eusse aisément évités si j’eusse voulu relâcher quelque chose de votre autorité, justifieront toujours, devant Dieu et les hommes, que je n’ai jamais eu autre but que vos propres intérêts. Souvent je vous ai prié de prendre en main l’administration et la conduite de vos affaires, et de me décharger de ce soin ; vous avez cru que mes services ne vous étoient pas inutiles, et vous m’avez commandé de les continuer ; je vous ai obéi pour le respect que je dois à vos volontés, et pour ce que c’eût été lâcheté de vous abandonner dans le péril. Si vous considérez qu’au sortir de ce maniement je me trouve sans aucune place où je puisse honorablement me retirer, vous verrez que je n’ai jamais recherché ma sûreté qu’en votre cœur et en la gloire de mes actions. Je vois bien que mes ennemis vous ont mal interprété mes intentions et pensées ; mais Dieu veuille qu’après avoir abusé de votre jeunesse à ma ruine, ils ne se servent point de mon éloignement pour avancer la vôtre. Pourvu qu’ils ne vous fassent point de mal, j’oublierai toujours volontiers celui qu’ils m’ont fait. »

Le Roi, qui avoit été informé autrement que la