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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/501

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il étoit toujours le maître, gouvernât sa nièce ; les réponses de laquelle aux princes qui la recherchoient étoient telles que lui insinuoit Leonora, et Leonora ne manquoit pas à les lui donner telles que le Grand-Duc vouloit, qui, par ce moyen, sans paroître s’en mêler, gouvernoit l’esprit de sa nièce, et en faisoit ce qu’il vouloit. Enfin, après l’avoir beaucoup de temps gardée comme un trésor qu’il faisoit espérer à tous et ne laissoit néanmoins enlever de personne, comme il la vit avoir atteint l’âge de vingt-sept ans accomplis, et ne la pouvoir plus long-temps retenir sans la faire beaucoup déchoir d’estime, et s’offrant l’occasion la plus avantageuse que la bonne fortune lui pût offrir de la colloquer utilement pour lui, glorieusement pour sa maison, heureusement pour elle, il l’accorda à la recherche qu’en fit Henri IV après avoir donné par ses victoires une paix assurée à son État. Leonora a part à cette grande aventure de sa maîtresse, puisque si elle est élevée à la haute majesté de reine de France, celle-ci l’est à la dignité de reine de son cœur : pauvre papillon, qui ne savoit pas que le feu qui la consumeroit étoit inséparablement uni à l’éclat de cette vive lumière, qu’elle suivoit transportée d’aise et de contentement.

Arrivée qu’elle est en France, elle est incontinent reconnue pour la favorite de la Reine, qui, sans beaucoup de difficulté, la fait agréer au Roi. L’inclination qui déjà dès Florence étoit née en son cœur en faveur de Conchino, joint à ce que, naturellement défiante et se reconnoissant mal partagée de beauté, elle eut crainte de n’être pas si bien traitée d’un Français, la portèrent à épouser Conchino, qui fut