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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/52

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plus tôt cessé, que le Roi, jouissant du beau temps, vivoit avec tant de douceur avec elle, que je l’ai vue souvent, depuis la mort de ce grand prince, se louer du temps qu’elle a passé avec lui, et relever la bonté dont il usoit en son endroit, autant qu’il lui étoit possible.

Si elle lui demande quelque chose qui se puisse accorder, elle n’en est jamais refusée ; s’il la refuse, c’est en faisant cesser ses demandes par la connoissance qu’il lui donne qu’elles tournent à son préjudice.

Un jour elle le prie d’accorder la survivance d’une charge pour quelqu’un de ses serviteurs ; il la refuse avec ces paroles : Le cours de la nature vous doit donner la mienne ; et lors vous apprendrez par expérience que qui donne une survivance ne donne rien en l’imagination de celui qui la reçoit, n’estimant pas que ce qui tient encore lui puisse être donné.

La prise du maréchal de Biron, dont le mérite et la vertu émurent la compassion de tout le monde, lui donna lieu d’en parler au Roi, plutôt pour apprendre son sentiment, que le duc de Sully, qui étoit fort bien avec elle, désiroit savoir, que pour le porter à aucune fin déterminée.

Le Roi lui dit que ses crimes étoient trop avérés et de trop grande conséquence pour l’État, pour qu’il le pût sauver ; que s’il eût été assuré de vivre autant que ce maréchal, il lui eût volontiers donné sa grâce, parce qu’il eût pensé à se garantir de ses mauvais desseins ; mais qu’il avoit trop d’affection pour elle et pour ses enfans pour leur laisser une telle épine au pied, dont il les pouvoit délivrer avec justice ;