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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/523

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cher, et fut un piége que sa mauvaise fortune lui dressa pour le rendre misérable, et le porter jusque sur le bord du précipice, d’où la seule miséricorde de Dieu, comme par miracle, le garantit, ainsi que nous verrons l’année suivante.

Car, se voyant en cette petite liberté, et ayant appris que la Reine faisoit toujours instance vers le Roi en sa faveur, il demanda congé de lui pouvoir écrire pour lui rendre très-humbles grâces d’une si grande bonté.

Ils furent bien aises de cette demande, et lui en donnèrent plus de liberté qu’il ne vouloit, pour trouver occasion de lui ôter ce peu qui lui en restoit encore ; car ils eurent soin de découvrir ceux qui iroient de sa part et de les gagner, et de se faire avertir par ceux qui étoient déjà à eux auprès de la Reine, de ce qui se passeroit à l’arrivée de ses lettres, et, s’il se pouvoit, de ce qu’elle lui récriroit.

Barbin envoyoit ses lettres par son valet de chambre ; mais, de peur qu’ils prissent ombrage de l’y voir aller trop souvent, il les lui envoyoit le plus souvent par un sien parent chez qui il logeoit. Ils gagnèrent cet homme ; et, dès qu’il avoit ses lettres, il les portoit au sieur de Luynes, qui en prenoit copie, les fermoit et les envoyoit à la Reine, des réponses de laquelle il faisoit le semblable, et les lui renvoyoit par cet homme à la Bastille, par lequel il savoit aussi beaucoup de choses dont la Reine s’ouvroit à lui pour les dire à Barbin.

La première lettre qu’il lui envoya fut portée par son valet de chambre même, et rendue fidèlement. Elle lui dit en particulier qu’elle ne pouvoit plus