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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/529

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céder leurs places, et donner gagné au parlement.

Durant cette assemblée, M. de Villeroy mourut âgé de soixante-quatorze ans, que la fortune plusieurs fois voulut chasser de la cour, et la réputation de sa sagesse y a toujours rappelé, et que la piété sur les dernières années de sa vie en voulut éloigner pour le faire vaquer à Dieu, mais ne le put gagner sur l’ambition qui lui faisoit remettre de jour à autre l’exécution d’un si louable dessein. Il fut enfin surpris d’une maladie qui l’emporta en trente heures, lâchant incessamment ces paroles de sa bouche, qui témoignoient plutôt son erreur que sa sagesse : Ô monde, que tu es trompeur !

Il fut fait secrétaire d’État en l’an 1566, sous le roi Charles IX, et demeura en faveur jusqu’aux Barricades, après lesquelles le roi Henri iii l’éloigna. Henri iv le rappela par le conseil de M. de Sancy, qui lors étoit en crédit et avoit beaucoup de part aux bonnes grâces de Sa Majesté, et, pour plus d’assurance de sa fidélité, donna une de ses filles en mariage au sieur d’Alincour son fils, et fut en grande estime auprès du Roi jusqu’à sa mort, nonobstant la disgrâce qui lui arriva de L’Hoste, un de ses commis, à qui il confioit le secret de ses dépêches, lequel se trouva avoir intelligence avec l’Espagne ; et le sieur de Villeroy le voulant faire prendre, il se noya dans la rivière de Marne ; ce qui ôta le moyen à son maître de se justifier ; mais le Roi avoit conçu une si bonne opinion de lui, qu’il le consola en cette affliction, et ne lui voulut pas permettre de se retirer, comme il le désiroit, mais l’obligea à continuer de prendre soin de ses affaires.