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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/553

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s’abstenir de la suite de la cour et de la prévôté de Paris pour l’espace de cinq ans. On bannit hors du royaume, pour le même temps, le sieur de La Ferté et un des serviteurs de Barbin, l’autre étant renvoyé absous, et le sergent de la Bastille, qui avoit servi Barbin à faire porter ses lettres, fut condamné à être pendu. Ils ne tirèrent cet arrêt à conséquence que pour Barbin, faisant donner grâce aux autres, d’autant qu’ils avoient ce qu’ils vouloient, qui étoit la Bastille, la garde de M. le prince et la condamnation de Barbin, par laquelle ils prétendoient justifier sa prison, et couvrir les injustices et violences avec lesquelles ils avoient procédé contre lui.

Néanmoins, sa condamnation leur sembla trop douce. Il fut banni par ses juges, plus pour l’ôter de la main de ses ennemis qu’en intention de leur plaire. Mais cette peine ne satisfait pas leur passion ; la crainte qu’ils ont de ce pauvre infortuné fait qu’ils lui commuent son bannissement en une prison rigoureuse : chose du tout contraire à la nature des grâces, qui remettent de la peine au lieu de l’augmenter.

Ce bruit venant aux oreilles de la Reine lui perça le cœur d’une douleur très-sensible ; joint qu’elle sut que, comme on étoit sur le jugement de ce procès, le chancelier, le garde des sceaux et le président Jeannin s’étant accordés à témoigner qu’il falloit étouffer cette affaire et ne la pas poursuivre à l’extrémité comme on faisoit, Luynes dit qu’il n’eût jamais cru que M. le chancelier, premier ministre de l’État, eut favorisé une personne qu’on pouvoit dire l’unique ennemi de l’État. L’autre lui répliquant qu’il désiroit savoir de quelle personne il parloit, il dit qu’il étoit