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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/590

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étoit neveu du sieur du Plessis son confident, que par sa seule faveur il avoit trouvé un mariage très-avantageux ; qu’il n’étoit dans cette place, au respect du duc d’Epernon, que comme une créature pour son maître ; que quelque avis qu’on eût pu avoir on n’eût pas évité ce piége, lequel cependant étoit si certain, que le sieur de Béthune avoit les ordres nécessaires pour lui faire exécuter la promesse qu’il avoit faite d’arrêter la Reine et le duc d’Epernon s’ils alloient à Xaintes, moyennant ce dont on étoit convenu avec lui pour son intérêt, et que les adhérens du sieur de Luynes, qui avoient machiné ce complot, ne me l’ont pas nié depuis.

Pendant cette négociation, Russelay traversoit, en ce qu’il lui étoit possible, le traité qui se faisoit ; mais, comme il étoit sans crédit, ses efforts étoient vains. Il fit diverses propositions à la Reine, fort extravagantes, et qui n’avoient autre fin que sa vengeance et sa passion. Un jour, après lui avoir fort exagéré ses services et exigé d’elle plusieurs sermens de secret, il lui dit qu’il savoit un moyen fort avantageux de la tirer du mauvais état où elle étôit ; ensuite il lui représenta qu’elle n’étoit pas trop contente du duc d’Epernon, et que la haine que le Roi et les favoris lui portoient étoit telle, que si elle vouloit leur donner lieu de se venger de lui, il n’y a rien qu’ils ne fissent en sa faveur ; qu’il lui seroit déshonorable de le faire en sorte qu’on pût apercevoir qu’elle contribuât à son malheur, mais qu’il lui donneroit un expédient où les plus clairvoyans ne verroient goutte, et où elle trouveroit son compte.

Cet expédient étoit que la Reine fit semblant de