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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/592

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voyages de Paris vers lui pour le regagner pour la faveur ; ce qui fit telle impression dans son esprit, que peu de temps après il fit son accord sans la Reine, moyennant écus et quelques autres conditions, qui, à mon avis, n’eussent produit autre effet que de lui faire éviter de recevoir la Reine en sa place, mais non pas la tromper au cas qu’elle y eût été ; troisièmement, parce que si la Reine entendoit à ce conseil, quoiqu’elle ne fût pas d’accord avec les favoris de la perte du duc d’Epernon, ainsi que Russelay la désiroit par sa première proposition, elle s’ensuivroit indubitablement, étant certain que sa personne et le respect de la Reine ne seroient pas plutôt séparés d’Angoulême, que la ville ne fût en proie et prise dans quinze jours ; enfin, parce que si elle étoit pressée dans Brouage, il ne lui resteroit plus que de se mettre à la merci des vents dans quelque méchante barque, n’ayant point de vaisseau de considération. Sa Majesté goûta tout-à-fait ces raisons, et, représentant à Russelay la dernière ci-dessus exprimée, il fut si impudent que de dire que Rome lui resteroit pour retraite, et qu’il se tiendroit fort heureux de la loger dans le palais qu’il y avoit.

Ces extravagances, qui faisoient de plus en plus connoître et la folie de cet esprit et sa malice tout ensemble, furent suivies d’une autre non moins impertinente. Il proposa à la Reine d’épouser le roi d’Angleterre ; qu’il feroit la négociation de ce mariage pendant qu’elle seroit à Brouage ; que de là on pourroit faire venir des vaisseaux propres à la faire passer sans péril le trajet qu’il falloit faire ; qu’il savoit bien qu’il y avoit quelque chose à dire pour la religion ;