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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/599

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avec un petit page, avec lequel trois jours ne se passèrent pas qu’il ne le rencontrât devant la citadelle. Aussitôt qu’ils se virent ils mirent pied à terre, et, après s’être tiré trois ou quatre estocades, le marquis de Thémines recula, jusqu’à ce que se couvrant de son cheval, il en avança une qui, coupant le nœud de la queue de son cheval, lui donna dans le cœur ; ce qui n’empêcha pas qu’avec le reste de la vie qui demeure à un homme blessé à mort, il ne se jetât à son collet, d’où il fut dépris par quelques personnes qui y arrivèrent, et par la mort qui le surprit, mais non si subitement, que le sieur de Bérule, qui se trouva par cas fortuit en cette occasion, n’eût loisir de lui donner l’absolution sur les signes de douleur qu’il put tirer de lui.

Je ne voudrois ni ne saurois dire que ce combat se fût passé avec aucune supercherie, et ne crois pas, en vérité, que Thémines en eût voulu user ainsi ; mais il est vrai que, tandis que mon frère et lui furent aux mains, deux gentilshommes qui le suivoient eurent toujours l’épée haute dans le fourreau, ce qui ne laisse pas d’être un très-grand avantage. Je ne saurois représenter l’état auquel me mit cet accident, et l’extrême affliction que j’en reçus, qui fut telle qu’elle surpasse la portée de ma plume, et que dès lors j’eusse quitté la partie, si je n’eusse autant considéré les intérêts de la Reine que les miens m’étoient indifférens.

Ceux qui restoient dans la maison de la Reine de plus grande considération, voyant mon frère mort, et le marquis de Thémines éloigné de Sa Majesté par cet accident, se mirent en tête d’avoir le gouvernement d’Angers. Mais la Reine, jugeant bien que si dans