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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/70

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qu’il le faisoit marcher devant les ducs de Nemours, de Guise, de Nevers, et de Longueville[1], afin de l’obliger à être plus attaché à son souverain ; qu’il le feroit marcher après tous ces princes du jour qu’il se méconnoîtroit envers lui.

Il s’étendit à ce propos sur l’opinion qu’il avoit de ces quatre maisons de princes, qui seuls ont été reconnus en cette qualité par ses prédécesseurs et par lui-même.

Il lui dit qu’il ne comptoit la première, tant parce qu’elle ne subsistoit qu’en la seule personne du duc de Nemours, qui apparemment n’auroit point d’enfans, que parce qu’aussi il n’y avoit rien à craindre de son humeur, la musique, des carrousels et des ballets étant capables de le divertir des pensées qui pourroient être préjudiciables à l’État ;

Qu’il ne faisoit pas grand cas de celle de Mantoue, attendu que le duc de Nevers, qui en étoit le chef, feroit plus de châteaux, non en Espagne, mais en Orient, où il prétendoit renverser l’empire du Grand-Turc, et le remettre en la famille des Paléologue, dont il soutenoit être descendu par sa mère, que de desseins qui pussent réussir en ce royaume ;

Que le duc de Longueville étoit fils d’un père en la foi duquel il y avoit peu d’assurance, et qui avoit souvent au cœur le contraire de ce qu’il avoit en la bouche. Sur quoi il ajouta en riant, selon sa coutume qui le portoit souvent à faire des rencontres aussi

  1. Louis, duc de Nemours, mort en 1641 au siége d’Aire ; Charles, duc de Guise, mort en Italie en 1640 ; Charles de Gonzague, duc de Nevers, duc de Mantoue en 1627 ; Henri, duc de Longueville, mort en 1663. Anne de Condé, sa seconde femme, fut cette duchesse de Longueville qui jona un grand rôle dans les intrigues de la Fronde.