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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/75

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autres qu’il se le promettoit, il paroît aussi combien est véritable le dire commun qui nous apprend que la proposition des choses dépend bien de l’esprit des hommes, mais que sa disposition est tellement en la main de Dieu, qu’il ordonne souvent par sa providence le contraire de ce qui est désiré par l’appétit humain, et prévu par la prudence des créatures.

Bien que ce prince eût tant d’expérience qu’il pût être dit avec raison le plus grand de son siècle, il est vrai qu’il étoit si aveuglé de la passion de père, qu’il ne connoissoit point les défauts de ses enfans, et raisonnoit si foiblement en ce qui les touchoit, qu’il prenoit souvent le contre-pied de ce qu’il devoit faire.

Il se loue de la nourriture du duc de Vendôme et de son bon naturel ; et toutefois, dès ses premières années, sa mauvaise éducation étoit visible à tout le monde, et sa malice si connue, que peu de gens en évitoient la piqûre.

Il estime que le grand établissement qu’il donne à ce prince, et celui auquel il se proposoit d’établir son frère, étoient les vrais moyens d’assurer l’autorité du Roi son fils ; et cependant on peut dire avec vérité que tous deux ont beaucoup contribué aux plus puissans efforts qui se soient faits pour l’ébranler ; et, sans la prudence et le bonheur de ce règne, ces deux esprits eussent fait des maux irréparables à ce royaume.

Les mariages qu’il ne vouloit pas ont été faits, ceux qu’il proposoit ne l’ont pu être ; ce qu’il estimoit devoir être le ciment d’un grand repos a été la semence de beaucoup de troubles ; et Dieu a permis que sa prudence ait été confondue, pour nous apprendre