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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/95

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Et, plusieurs jours avant sa mort, on disoit à Cologne qu’il avoit été tué d’un coup de couteau ; les Espagnols, à Bruxelles, se le disoient à l’oreille l’un de l’autre ; à Maestricht, un d’entre eux assura que s’il ne l’étoit encore il le seroit infailliblement.

Le premier jour du mois de mai, le Roi voyant planter le mai, il tomba par trois fois ; sur quoi il dit au maréchal de Bassompierre et à quelques autres qui étoient avec lui : « Un prince d’Allemagne feroit de mauvais présages de cette chute, et ses sujets tiendroient sa mort assurée ; mais je ne m’amuse pas à ces superstitions. »

Quelques jours auparavant, La Brosse, médecin du comte de Soissons, qui se mêloit de mathématiques et d’astrologie, donna avis qu’il se donnât de garde du 14 de mai, et que s’il vouloit il tâcheroit de remarquer l’heure particulière qui lui étoit plus dangereuse, et lui désigneroit la façon, le visage et la taille de celui qui attenteroit sur sa personne. Le Roi, croyant que ce qu’il lui disoit n’étoit que pour lui demander de l’argent, méprisa cet avis, et n’y ajouta pas de foi.

Un mois auparavant sa mort, en plusieurs occasions, il appela sept ou huit fois la Reine, madame la Régente.

Environ ce temps, la Reine étant couchée auprès du Roi, elle s’éveilla en cris et se trouva baignée de larmes. Le Roi lui demanda ce qu’elle avoit ; après avoir long-temps refusé de le lui dire, elle lui confessa qu’elle avoit songé qu’on le tuoit ; ce dont il se moqua, lui disant que songes étoient mensonges.

Cinq ou six jours auparavant le couronnement de la