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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/97

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viers, s’arrêta tout court, et, après avoir un peu pensé, dit à ceux avec qui il jouoit : Le Roi vient d’être tué.

Et comme, depuis ce funeste accident, on voulut éclaircir comme il avoit pu savoir cette nouvelle, le prévôt, ayant été amené prisonnier à Paris, fut un jour trouvé pendu et étranglé dans la prison.

Une religieuse de l’abbaye de Saint-Paul, près Beauvais, ordre de Saint-Benoît, âgée de quarante deux ans, sœur de Villars-Houdan, gentilhomme assez connu du temps du feu Roi pour l’avoir servi en toutes ses guerres, étant demeurée dans sa chambre à l’heure du dîner, une de ses sœurs l’alla chercher en sa chambre, selon la coutume de tous les monastères, où elle la trouva tout éplorée ; lui demandant pourquoi elle n’étoit pas venue dîner, elle lui répondit que, si elle prévoyoit comme elle le mal qui leur alloit arriver, elle n’auroit pas envie de manger, et qu’elle étoit hors d’elle-même d’une vision qu’elle avoit eue de la mort du Roi, qui seroit bientôt tué. La religieuse, la voyant opiniâtrée à ne point quitter sa solitude, s’en retourna sans s’imaginer qu’une telle pensée eût autre fondement que la mélancolie de cette bonne religieuse ; cependant, pour s’acquitter de son devoir, elle fit rapport de ce qui s’étoit passé à l’abbesse, qui commanda qu’on laissât cette fille en sa chambre, et pensa plutôt à la faire purger qu’à croire ce qu’elle estimoit une pure imagination.

L’heure de vêpres étant venue, et cette religieuse se présentant aussi peu à l’office qu’à dîner, l’abbesse y envoya deux de ses filles, qui la trouvèrent encore en larmes, et leur dit affirmativement qu’elle voyoit