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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/116

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MÉMOIRES

l’on appelle communément vaillance, au plus haut point qu’un homme la puisse avoir ; et il n’avoit pas, même dans le degré le plus commun, la hardiesse de l’esprit, qui est ce qu’on nomme résolution. La première est ordinaire et même vulgaire ; la seconde est même plus rare que l’on ne se le peut imaginer : elle est toutefois encore plus nécessaire que l’autre pour les grandes actions ; et y a-t-il une action au monde plus grande que celle d’un parti ? Celle d’une armée a sans comparaison moins de ressorts ; celle d’un État en a davantage, mais les ressorts n’en sont pas à beaucoup près si fragiles ni si délicats. Enfin je suis persuadé qu’il faut de plus grandes qualités pour former un bon chef de parti que pour faire un bon empereur de l’univers ; et que, dans le rang des qualités qui le composent, la résolution marche de pair avec le jugement : je dis avec le jugement héroïque, dont le principal usage est de distinguer l’extraordinaire de l’impossible. M. le comte n’avoit pas un grain de cette sorte de jugement qui ne se rencontre même que très-rarement dans un grand esprit. Le sien étoit médiocre, et susceptible par conséquent des injustes défiances, qui est de tous les caractères celui qui est le plus opposé à un bon chef de parti, dont la qualité la plus souvent et la plus indispensablement praticable est de supprimer en beaucoup d’occasions, et de cacher en toutes, les soupçons même les plus légitimes.

Voilà ce qui m’obligea à n’être pas de l’avis de ceux qui vouloient que M. le comte fît la guerre civile. Varicarville, qui étoit le plus sensé et le moins emporté de toutes les personnes de qualité qui étoient