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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/184

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MÉMOIRES

lieu a fait des crimes de ce qui faisoit autrefois des vertus. Les Miron, les Harlay, les Marillac, les Pibrac et les Faye, ces martyrs de l’État, qui ont plus dissipé de factions par leurs bonnes et saines maximes, que l’or d’Espagne et d’Angleterre n’en a fait naître, ont été les défenseurs de la doctrine pour la conservation de laquelle[1] le cardinal de Richelieu confina M. le président de Barillon à Amboise •, et c’est lui qui a commencé à punir les magistrats, pour avoir avancé des vérités pour lesquelles leur serment les obligeoit d’exposer leur propre vie.

Les rois qui ont été sages, et qui ont connu leurs véritables intérêts, ont rendu les parlemens dépositaires de leurs ordonnances, particulièrement pour se décharger d’une partie de l’envie et de la haine que l’exécution des plus saintes et même des plus nécessaires produit quelquefois. Ils n’ont pas cru s’abaisser en s’y liant eux-mêmes : semblables à Dieu, qui obéit toujours à ce qu’il a commandé une fois. Les ministres, qui sont toujours assez aveuglés par leur fortune pour ne se pas contenter de ce que les ordonnances permettent, ne s’appliquent qu’à les renverser ; et le cardinal de Richelieu, plus qu’aucun autre, y a travaillé avec autant d’imprudence que d’application. Il n’y a que Dieu qui puisse subsister par lui seul : les monarchies les mieux établies et les monarques les plus autorisés ne se soutiennent que par l’assemblage des armes et des lois ; et cet assemblage est si

  1. Pour la conservation de laquelle : L’auteur veut dire que Richelieu fit arrêter Barillon, parce qu’il cherchoit à faire prévaloir cette doctrine.