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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/204

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MÉMOIRES

de conserver les intendans dans les provinces, et sur l’inconvénient qu’il y auroit de faire le procès, comme l’arrêt le portoit, à ceux d’entre eux qui auroient malversé, parce qu’il seroit impossible que les partisans ne se trouvassent engagés dans les procédures : ce qui seroit ruiner les affaires du Roi, en obligeant à des banqueroutes ceux qui les soutenoient par leurs avances et leur crédit. Le parlement ne se rendant point à cette raison, le chancelier se réduisit à demander que les intendans ne fussent pas révoqués par arrêt du parlement, mais par une déclaration du Roi, afin que les peuples eussent au moins l’obligation de leurs soulagemens à Sa Majesté. L’on eut peine à consentir à cette proposition : elle passa toutefois à la pluralité des voix. Mais lorsque la déclaration fut portée au parlement, elle fut trouvée défectueuse, en ce que, révoquant les intendans, elle n’ajoutoit pas que l’on recherchât leur gestion.

M. le duc d’Orléans, qui l’étoit venue porter au parlement, n’ayant pu la faire passer, la cour s’avisa d’un expédient, qui fut d’en envoyer une autre, qui portoit l’établissement d’une chambre de justice pour faire le procès aux délinquans. La compagnie s’aperçut bien facilement que la proposition de cette chambre de justice, dont les officiers et l’exécution seroient toujours à la disposition des ministres, ne tendoit qu’à tirer les voleurs des mains du parlement. Elle passa toutefois encore à la pluralité des voix, en présence de M. d’Orléans, qui en fit vérifier une autre le même jour, par laquelle le peuple étoit déchargé du huitième des tailles, quoique l’on eût promis au parlement de le décharger du quart.