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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/277

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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

pris. Je le fis convenir de l’impossibilité d’en sortir, et je sortis moi-même de l’hôtel de Condé, avec toute l’agitation d’esprit que vous vous pouvez imaginer.

Montrésor et Saint-Ibal arrivèrent chez moi justement dans le temps que j’achevois de dicter à Laigues la conversation que j’avois eue avec M. le prince ; et ils n’oublièrent rien pour m’obliger à envoyer dès le moment à Bruxelles. Quoique je sentisse en moi-même beaucoup de peine[1] à être le premier qui eût mis dans nos affaires le grain de catholicon d’Espagne, je m’y résolus par la nécessité, et je commençai à en dicter l’instruction, qui devoit contenir plusieurs chefs, et dont la conclusion fut remise par cette raison au lendemain matin.

La fortune me présenta l’après-dînée un moyen plus agréable et plus innocent. J’allai par hasard chez madame de Longueville, que je voyois fort peu, parce que j’étois extrêmement ami de monsieur son mari, qui n’étoit pas l’homme de la cour le mieux avec elle. Je la trouvai seule : elle tomba dans la conversation sur les affaires publiques, qui étoient à la mode ; elle me parut enragée contre la cour. Je savois par le bruit public qu’elle l’étoit au dernier point contre M. le prince. Je joignis ce que l’on en disoit dans le monde à ce que j’en tirois de certains mots qu’elle laissoit échapper. Je n’ignorois pas que M. le prince de Conti

  1. Beaucoup de peine : Il ne paroît pas que le coadjuteur ait eu le scrupule dont il se vante, puisque peu de temps auparavant il avoit chargé Saint-Ibal d’aller traiter avec Fuensaldagne : mission qui ne fut revoquée que parce qu’on espein entraîner le prince de Condé dans la révolte,