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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/293

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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

jours. M. de La Rochefoucauld écrivit au même sens à madame de Longueville.

Vous croyez donc sans doute cette affaire en bon état : vous allez néanmoins avouer que cette même étoile, qui a semé de pierres tous les chemins par où j’ai passé, me fit trouver, dans celui qui paroissoit si ouvert et si aplani, un des plus grands obstacles et un des plus grands embarras que j’aie rencontrés dans tout le cours de ma vie.

L’après-dînée du jour que je viens de vous marquer, qui fut le 9 janvier, M. de Brissac, qui avoit épousé ma cousine, mais avec qui j’avois fort peu d’habitude, entra chez moi, et me dit en riant : « Nous sommes de même parti ; je viens servir le parlement. » Je crus que M. de Longueville, de qui il étoit proche parent à cause de sa femme, pouvoit l’avoir engagé ; et pour m’en éclaircir j’essayai de le faire parler, sans m’ouvrir toutefois à lui. Je trouvai qu’il ne savoit quoique ce soit, ni de M. de Longueville ni de M. le prince de Conti qu’étant peu satisfait du cardinal, et encore moins du maréchal de La Meillerayc son beau-frère, il venoit chercher aventure dans un parti où il crut que notre alliance pourroit ne lui être pas inutile. Après une conversation d’un demi quart-d’heure, il vit par la fenêtre que l’on mettoit les chevaux à mon carrosse. « Ah, mon Dieu, me dit-il, ne sortez pas ; voilà M. d’Elbœuf[1] qui sera ici dans un moment. — Et que faire ? lui répondis-je ; n’est-il pas à Saint-Germain ? — Il y étoit, répondit froidement M. de Brissac ; mais comme il n’y a pas trouvé à dîner, il vient voir s’il trouvera à souper

  1. Charles de Lorraine, second du nom, mort en 1657 (A. E)