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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/305

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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

assez revenu de la défiance pour ne pas s’intéresser pour M. d’Elbœuf, je crus qu’il n’y avoit plus de mesures à garder, et que l’ostentation seroit aussi à propos ce jour-là, que la modestie avoit été de saison la veille.

M. le prince de Conti et M. de Longueville prirent un grand et magnifique carrosse de madame de Longueville, suivis d’une grande quantité de livrées. Je me mis auprès du premier à la portière, et l’on marcha ainsi au Palais à petit pas. M. de Longueville n’y étoit pas venu la veille, parce que je croyois qu’en cas d’émotion l’on auroit plus de respect pour la tendre jeunesse et pour la qualité de prince du sang de M. le prince de Conti, que pour la personne de M. de Longueville, qui étoit proprement la bête de M. d’Elbœuf ; et parce que M. de Longueville, n’étant point pair, n’avoit point de séance au parlement, et qu’ainsi il avoit été de nécessité de convenir au préalable de sa place, qu’on lui donna au dessus du doyen, de l’autre côté des ducs et pairs.

Il offrit d’abord à la compagnie ses services, Rouen, Caen, Dieppe et toute la Normandie ; et il la supplia de trouver bon que, pour engagement de sa parole, il fît loger à l’hôtel-de-ville madame sa femme, monsieur son fils et mademoiselle sa fille. Jugez, s’il vous plaît, de l’effet que fit cette proposition ! Elle fut soutenue fortement et agréablement par M. de Bouillon, qui entra appuyé, à cause de sa goutte, sur deux gentilshommes. Il prit place au dessous de M. de Longueville, et il coula, selon que nous l’avions concerté la nuit, dans son discours, qu’il serviroit le parlement avec beaucoup de joie sous les ordres d’un aussi grand prince que