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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/319

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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

Le peu de part que j’ai eu dans celles dont il s’agit en ce lieu me pourroit peut-être donner la liberté d’ajouter ici mon portrait : mais, outre que l’on ne se connoît jamais assez bien pour se peindre naturellement soi-même, je vous confesse que je trouve une satisfaction si sensible à vous soumettre uniquement et absolument le jugement de tout ce qui me regarde, que je ne puis seulement me résoudre à m’en former dans le plus intérieur de mon esprit la moindre idée. Je reprends le fil de mon histoire.

Le commandement des armes ayant été réglé, comme je vous l’ai dit ci-dessus, l’on continua à travailler aux fonds nécessaires pour la levée et pour la subsistance des troupes. Toutes les compagnies et tous les corps s’unirent, et Paris enfanta sans douleur une armée complète en huit jours. La Bastille se rendit, après avoir essuyé pour la forme cinq ou six coups de canon. Ce fut un assez plaisant spectacle de voir les femmes à ce fameux siège porter leurs chaises dans le jardin de l’Arsenal où étoit la batterie, comme elles les portent au sermon.

M. de Beaufort, qui depuis qu’il se fut sauvé du bois de Vincennes s’étoit caché dans le Vendômois, de maison en maison, arriva ce jour-là à Paris et il vint descendre chez Prudhomme. Montrésor, qu’il avoit envoyé quérir dès la porte de la ville, vint me trouver en même temps, pour me faire compliment de sa part, et pour me dire qu’il seroit dans un quart-d’heure en mon logis. Je le prévins ; j’alkai chez Prudhomme, et je ne trouvai pas que sa prison lui eût donné plus de sens. Il est toutefois vrai qu’elle lui avoit donné plus de réputation. Il l’avoit soutenue avec fer-