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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/32

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notice

L’osprit turbulent du coadjuteur le portoit à influer, non-seulement sur les opérations militaires, mais sur les divers mouvemens auxquels il lui convenoit de pousser la populace. Cependant les convenances ne lui permettant pas d’entrer ostensiblement dans des détails qui répugnoient trop à son état, il résolut de se servir du duc de Beaufort, autrefois chef de la faction des importans, qui depuis peu s’étoit échappé du château de Vincennes ; et voici comment il parle de ce prince, pour lequel il professoit en apparence l’amitié la plus respectueuse et la plus dévouée. « Cette union, dit-il, m’étoit comme nécessaire, parce que ma profession pouvant m’embarrasser en mille rencontres, j’avois besoin d’un homme que je pusse, dans les conjonctures, mettre devant moi... Il me falloit un fantôme, mais il ne me falloit qu’un fantôme ; et, par bonheur pour moi, il se trouva que ce fantôme étoit petit-fils de Henri-le-Grand ; qu’il parloit comme on parle aux halles (ce qui n’est pas ordinaire aux enfans de Henri-le-Grand) ; et qu’il avoit de grands cheveux bien longs et bien blonds. Vous ne pouvez vous imaginer le poids de ces circonstances, et vous ne pouvez concevoir l’effet qu’elles firent sur le peuple. »

Le coadjuteur leva un corps de troupes qu’on appela le régiment de Corinthe, du nom de son évêché in partibus, et dont il donna le commandement au chevalier de Sévigné son parent, très-ardent pour la cause du jansénisme. Tout le monde sait que ce régiment ayant été battu par les royalistes, on plaisanta beaucoup sur cet échec, et qu’on dit que c’étoit la première aux Corinthiens. Il enrôla aussi dans