Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

tendre ce héraut, et pour ne pas recevoir les paquets qu’il laissa le lendemain sur la barrière de la porte Saint-Honoré. Cet incident, joint à la prise du chevalier de La Valette, fit que l’on ne se ressouvint pas seulement de la résolution que l’on avoit faite la veille de délibérer sur la proposition de Brillac. On n’eut que de la défiance pour ces lueurs d’accommodement, et l’on s’aigrit bien davantage quelques jours après, quand on apprit le détail de l’entreprise. Le chevalier de La Valette, esprit noir mais déterminé, et d’une valeur propre à entreprendre, avoit formé le dessein de nous tuer, M. de Beaufort et moi, sur les degrés du Palais, et de se servir, pour cet effet, de la confusion qu’il espéroit qu’un spectacle aussi extraordinaire que celui de ce héraut jetteroit dans la ville. La cour a toujours nié le complot à l’égard de l’entreprise sur nos personnes ; mais elle avoua et respecta le chevalier de La Valette à l’égard des placards. Ce que je sais de science certaine est que Cohon, évêque de Dol, dit l’avant-veille, à l’évêque d’Aire, que M. de Beaufort et moi ne serions pas en vie dans trois jours et il lui parla dans la même conversation de M. le prince comme d’un homme qui n’étoit pas assez décisif, et auquel on ne pouvoit pas dire toutes choses. Cela m’a fait juger que M. le prince ne savoit pas le fond du dessein du chevalier de La Valette. J’ai toujours oublié de lui en parler.

Le 19, M. le prince de Conti dit au parlement qu’il y avoit au parquet des huissiers un gentilhomme envoyé de M. l’archiduc Léopold, gouverneur des Pays-Bas pour le roi d’Espagne, et que ce gentilhomme demandoit audience à la compagnie. Les gens du