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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/352

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[1649] MÉMOIRES

pagnie l’entendoit : messieurs des enquêtes donnèrent à leur ordinaire maintes bourrades à messieurs les présidens. Martineau, conseiller des enquêtes, dit publiquement que le retentum de l’arrêt étoit que l’on feroit bonne chère à l’envoyé d’Espagne, en attendant la réponse de Saint-Germain, qui ne pouvoit être que quelque méchante ruse du cardinal Mazarin. Charton pria tout haut M. le prince de Conti de suppléer à ce que les formalités du parlement ne permettoient pas à la compagnie de faire. Pontcarré dit qu’un Espagnol ne lui faisoit pas tant de peur qu’un mazarin. Enfin il est certain que les généraux en virent assez pour ne pas appréhender que le parlement se fâchât des démarches qu’ils pourroient faire vers l’Espagne ; et M. de Bouillon et moi n’en eûmes que trop pour satisfaire pleinement l’envoyé de l’archiduc, à qui nous fîmes valoir jusques aux moindres circonstances. Il en fut content au delà de ses espérances, et il dépêcha dès la nuit un second courrier à Bruxelles, que nous fîmes escorter jusqu’à dix lieues de Paris avec cinq cents chevaux. Le courrier portoit la relation de tout ce qui s’étoit passé au parlement, les conditions que M. le prince de Conti et les autres généraux demandoient pour faire un traité avec le roi d’Espagne, et ce que je pouvois donner en mon particulier d’engagement. Je vous rendrai compte de ce détail et de la suite, après que je vous aurai raconté ce qui se passa le même jour, qui fut le 19 février.

Pendant que cette pièce de l’envoyé d’Espagne se jouoit au Palais, Noirmoutier sortit avec deux mille chevaux pour amener à Paris un convoi de cinq cents charrettes chargées de farine, qui étoient à Brie-Comte-