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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/382

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[1649] MÉMOIRES

blé par jour pour la ville : encore affecta-t-on d’omettre, dans le premier passeport qui en fut expédié, le mot de par jour, pour s’en pouvoir expliquer selon les concurrences. Ce galimatias ne laissa pas de passer pour bon dans le parlement. On ne s’y ressouvint plus de tout ce qui s’y étoit dit et fait un quart-d’heure auparavant, et l’on se prépara pour aller dès le lendemain à la conférence, que la Reine avoit assignée à Ruel. Nous nous assemblâmes chez M. de Bouillon dès le soir même, M. le prince de Conti, messieurs de Beaufort et d’Elbœuf, le maréchal de La Mothe, de Brissac, le président de Bellièvre et moi, pour résoudre s’il étoit à propos que les généraux députassent. M. d’Elbœuf, qui avoit envie d’avoir la commission, insista beaucoup pour l’affirmative. Il fut tout seul de son sentiment, parce que nous jugeâmes qu’il seroit sans comparaison plus sage de demeurer pleinement dans la liberté de le faire et de ne le pas faire, selon les occasions que nous en aurions. Et de plus y eût-il eu rien de moins judicieux que d’envoyer à la conférence de Ruel, dans le temps que nous étions sur le point de conclure avec l’Espagne, et que nous disions à tout moment à l’envoyé que nous ne souffririons cette conférence que parce que nous étions assurés que nous la romprions par le moyen du peuple, quand il nous plairoit ? M. de Bouillon, qui commençoit à sortir, et qui étoit allé ce jour-là même reconnoître le poste où il vouloit former un camp, nous en fit ensuite la proposition, comme d’une chose qui ne lui étoit venue dans l’esprit que du matin. M. le prince de Conti n’eut pas la force d’y consen-