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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/408

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[1649] MÉMOIRES

par une signature, en mon particulier. Je leur répétai l’offre que j’avois faite la veille de m’engager à tout sans exception, si on vouloit prendre une résolution finale et décisive. Je n’oubliai rien pour leur donner ombrage, sans paroître toutefois le marquer, des ouvertures que le chemin qu’on prenoit donnoit aux accommodemens particuliers.

Quoique je ne disse ces choses que par forme de récit, et sans témoigner avoir aucun dessein de combattre ce qui avoit été résolu, elles ne laissèrent pas de faire une forte impression sur l’esprit du bernardin, et au point que M. de Bouillon m’en parut embarrassé. Don Francisce Pizarre, qui avoit apporté de Bruxelles de nouveaux ordres de se conformer entièrement aux sentimens de M. de Bouillon, pressa son collègue de s’y rendre. Il y consentit sans beaucoup de résistance ; je l’y exhortai moi-même quand je vis qu’il y étoit résolu ; et j’ajoutai que pour lui lever tout le scrupule de la difficulté que je faisois de signer, je leur donnois ma parole que si le parlement s’accommodoit, je leur donnerois, par des expédiens que j’avois en main, tout le temps nécessaire pour retirer leurs troupes. Je fis cette offre pour deux raisons : l’une, parce que j’étois persuadé que Fuensaldagne, qui étoit habile homme, ne seroit nullement de l’avis de ses envoyés, et n’engageroit pas son armée dans le royaume, ayant aussi peu de généraux, et rien de moi-, l’autre raison fut que j’étois bien aise de faire voir, même à nos généraux, que j’étois résolu à ne point souffrir, au moins en ce qui seroit de moi, de perfidie ; que je m’engageois publiquement à ne pas laisser accabler ni surprendre les Espagnols, on cas