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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/438

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[1649] MÉMOIRES

ment l’honneur de l’obstacle qu’elles faisoient au mal. Cet embarras est rare et cruel, et c’est peut-être un des plus grands où je me sois trouvé. Ces gardes si bien choisis furent dix fois sur le point d’insulter le parlement, et insultèrent des conseillers et des présidens en particulier. Ils menacèrent le président de Thoré, sur le quai proche de l’horloge, de le jeter dans la rivière. Je ne dormois ni jour ni nuit en ce temps-là, pour empêcher le désordre. Le premier président et ses adhérens prirent une telle audace de ce qu’il n’arrivoit point de mal, qu’ils en prirent même avantage contre nous, et picotèrent, pour ainsi dire, les généraux par des plaintes et par des reproches, dans des momens où le peuple eût infailliblement déchiré malgré eux le parlement, si les généraux eussent reparti assez haut pour se faire entendre du peuple. Le président de Mesmes les picota sur ce que les troupes n’avoient pas agi avec assez de vigueur ; et Payen, conseiller de la grand’chambre, dit des impertinences ridicules à M. de Bouillon, qui les souffrit avec une modération merveilleuse ; mais elle ne l’empêcha pas de faire une sérieuse réflexion, et de me dire au sortir du Palais que j’en connoissois mieux le terrain que lui. Il vint le soir à l’hôtel-de-ville, et y fit à M. le prince de Conti et aux autres généraux le discours dont voici la substance :

« Je n’eusse jamais cru ce que je vois du parlement : il ne veut pas, le 13, ouïr seulement la paix de Ruel, et il la reçoit le 15, à quelques articles « près. Il fait partir le 16, sans limiter ni régler leur pouvoir, ces mêmes députés qui ont signé la paix contre ses ordres. Ce n’est pas assez : il nous charge