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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/442

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[1649] MÉMOIRES

avoient dit que si les affaires ne s’accommodoient pas, ils ne retourneroient plus à Paris. M. de Bouillon, qui, en perdant sa principale considération dans la perte de l’armée de M. de Turenne, jugeoit bien que les espérances qu’il avoit conçues d’être l’arbitre du parti n’étoient plus fondées, revint tout à coup à la première disposition de porter les choses à l’extrémité ; et il prit sujet de ce billet du maréchal de Villeroy, pour nous dire que nous pouvions juger, par ce que le premier président et le président de Mesmes avoient dit, que ce que nous avions projeté la veille ne recevroit pas grande difficulté dans son exécution.

Je reconnois de bonne foi que je manquai beaucoup en cet endroit de la présence d’esprit qui étoit nécessaire : car au lieu de me tenir couvert devant don Gabriel de Tolède, et de me réserver à m’ouvrir à M. de Bouillon, quand nous serions demeurés, le président de Bellièvre et moi, seuls avec lui, je lui répondis que les choses étoient bien changées ; et que la désertion de l’armée de M. de Turenne faisoit que ce qui la veille étoit facile dans le parlement, y seroit le lendemain impossible, et même ruineux. Je m’étendis sur cette matière, et cette imprudence me jeta dans des embarras dont j’eus bien de la peine à me démêler.

Don Gabriel de Tolède, qui avoit ordre de s’ouvrir avec moi, s’en cacha au contraire avec soin dès qu’il me vit changé sur la nouvelle de M. de Turenne ; et il fit, parmi les généraux, des cabales qui me donnèrent beaucoup de peine, comme je le dirai.