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Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/19

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Ve siècle, Cassiodore[1] et le moine Isidore de Péluse[2] prononcer ce nom avec estime, et l’évêque de Clermont, Sidoine Apollinaire[3], traduire en latin l’ouvrage de Philostrate, qui avait été précédemment abrégé ou remanié par divers auteurs, un Nicomaque et un Tascius Victorianus, cités par Sidoine lui-même, et un certain Sotérichus de l’Oasis, contemporain d’Hiéroclès, signalé par Suidas.

On ne s’étonnera pas qu’un moine comme Isidore de Péluse, et un rhéteur devenu tardivement évoque, comme Sidoine Apollinaire, aient été peu frappés du danger que présentait, au milieu du christianisme encore mal affermi, la renommée d’un personnage aussi étrange qu’Apollonius de Tyane. Mais les prêtres qui étaient mêlés au mouvement théologique, les Pères de l’Église au ive siècle, par exemple, sont unanimes pour accuser Philostrate de mensonge ou pour taxer Apollonius de magie[4]. Il y a un endroit de saint Augustin où le saint docteur compare Apollonius de Tyane à Jupiter, et accorde qu’au moins Apollonius était supérieur, pour la continence, au dieu de l’Olympe. Ce passage, joint à quelques pages de la Réponse d’Eusèbe à Hiéroclès, donne à entendre qu’il y avait encore des adorateurs obstinés d’Apollonius de Tyane. Mais le moment n’était pas loin où cette chétive divinité allait être emportée avec les plus robustes.

Il était naturel que le triomphe incontesté du christia-

  1. Chroniques.
  2. Lettres, I, p. 398.
  3. Voyez, à ce sujet, le recueil de ses lettres, VIII, 3 (à Léon, conseiller du successeur d’Alaric) ; et Fabricius, Bibliotheca græca, t. V, p. 549, 564, Harles.
  4. Voyez saint Jean Chrysostome, Contre les Juifs ; saint Jérôme, Lettre à Paulin ; Prologue de sa traduction de la Bible ; saint Augustin, Lettres 49, 102, 138 (Tillemont, Hist. des Empereurs, t. II, p. 134.)