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Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/59

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peintures, des décorations en argent, en or plaqué ou même en or massif. Les dessins de leurs tapisseries sont empruntés aux traditions des Grecs ; on y trouve des Andromèdes, des Amymones, et la figure d’Orphée y revient sans cesse. Les Babyloniens aiment beaucoup Orphée, peut-être en considération de sa tiare et de ses braies ; car ce ne peut guère être à cause des chants et des accords par lesquels il charmait les hommes. On voit aussi sur ces tapisseries Datis saccageant l’île de Naxos, Artapherne assiégeant Érétrie, et les prétendues victoires dont s’enorgueillissait Xerxès : c’était par exemple la prise d’Athènes, le passage des Thermopyles, et, ce qui est encore plus dans le goût des Mèdes, les fleuves taris, la mer enchaînée, et le mont Athos percé. Damis dit encore être entré avec Apollonius dans une salle dont la voûte, faite en dôme, représentait le ciel : cette voûte était en saphir, pierre qui, par sa couleur bleue, imite en effet celle du ciel ; tout en haut étaient sculptées en or les statues des dieux adorés dans ce pays, qui semblaient planer au milieu des airs. C’est là que le roi rend la justice : aux quatre coins de la voûte étaient suspendues quatre bergeronnettes, pour lui rappeler Némésis, et l’avertir de ne pas se croire plus qu’un homme. Les mages qui fréquentent le palais disent avoir eux-mêmes mis en cet endroit ces figures symboliques, qu’ils appellent les langues des dieux.

XXVI. Sur les mages, Apollonius n’a dit que le nécessaire, à savoir qu’il s’est entretenu avec eux, et qu’il les a quittés après avoir appris d’eux différentes choses, et leur en avoir enseigné d’autres. Quant aux entretiens qu’il eut avec les mages, Damis ignore ce qu’ils purent être : car, lorsqu’Apollonius allait trouver les mages, il lui défendait de le suivre. Damis dit seulement qu’il se rencontrait avec les mages à midi et à minuit, et qu’un jour qu’il demandait :