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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/159

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ment à dîner, il me prêta cent écus parce que je lui avouai que le besoin de cette somme m’avait forcé de délayer un peu la seconde partie de mon petit chef-d’œuvre, il m’assura qu’avec du travail j’aurais bientôt un style excellent, il lut deux fois tout haut avec moi une page qu’il dit être pleine de verve… mais, sous prétexte que le reste n’était pas de la même force, il voulut m’obliger à débuter par un article plus court. Je ne lui ai jamais pardonné ce trait-là, et toutes les fois que je trouve l’occasion de le draper… littérairement, bien entendu… je n’y manque pas.

— Et ses cent écus ?

— Ses cent écus ? oh ! il m’en devrait plus du double si je lui faisais paver tous les petits articles que j’ai rédigés contre lui… gratis, pour être sûr de leur insertion et prouver que je ne suis pas un Zoïle vénal[1].

— Peste, mon cher Michel, que de rancune ! comme tu traites tes ennemis !

— Eh bien ! tu me juges mal, je passe pour

  1. M. Petit Darleville déclare ici que quoique le fait soit historique, M. Farine de Joyeuse-Garde se l’attribue à tort ; le héros des cent écus n’étant pas de notre ville, ni même de notre arrondissement, mais seulement d’un département voisin.