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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/289

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pas encore amnistié ses héros, comme fit la restauration, si je voulais reprendre mon premier nom, j’aurais peut-être à purger ma contumace. Je fus assez heureux pour être averti à temps que notre folle entreprise était dénoncée à la haute police ; il fallut fuir et se cacher. Cette fois, du moins, je n’eus pas à hésiter entre deux partis à prendre. Mais quel que fût mon amour pour le sol natal, j’embrassai sans trop d’effroi la perspective d’un exil qui pouvait être éternel. Vivre à l’étranger, c’était réaliser dans une patrie de mon choix, un de mes rêves de solitude et de retraite : je me faisais déjà par la pensée une existence toute patriarcale dans quelque coin du Nouveau-Monde, soit sous le wigwam d’un pionnier de la civilisation agricole aux États-Unis, soit parmi les créoles plus insouciants des Antilles. Avec ma femme et ma jeune fille à mes côtés, me disais-je, qu’aurai-je à regretter de ma première patrie ? Avec ma femme !… Tout mon bonheur était là…. Hélas ! au lieu de m’être marié après avoir étudié les goûts d’une compagne et lui avoir donné le temps d’étudier les miens, au