Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/291

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était public, affiché même par la vengeance des partis.

Je ne vous dirai pas tous mes projets de rage et de désespoir,… Paul, j’aime ma fille de tout l’amour d’un père : eh bien, je ne refuserais pas, je crois, de serrer la main que son époux me tendrait teinte de son sang… s’il ne l’avait versé que pour y laver un outrage pareil au mien. Heureusement la réflexion vint à mon secours. Je me souvins que j’étais père, j’eus le courage d’être juste, de faire la part de mes imprudences, et de ne punir que moi. Je finis par m’estimer assez vengé par le remords que j’inspirais peut-être. Je pardonnais ; je fus même généreux ; je crus l’être, veux-je dire ; non point par orgueil, mais par pitié, je ne maudis plus que moi seul, et après avoir un moment voulu mettre fin à mes jours, je me contentai de renoncer à tout ce qui m’avait jusque là attaché à la vie, à mon pays qui me proscrivait, à la compagne qui me trahissait ; je résolus de tout oublier, tout jusqu’à mon nom, pour aller recommencer bien loin de la France une existence nouvelle, la seule qui convînt à