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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/312

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d’exil, soit que ma reconnaissance pour cette noble créole me rendît facile à croire tout ce qu’en disait son père, je ne pouvais regarder mademoiselle de l’Étincelle sans éprouver pour elle un sentiment de tendre vénération, semblable à celui qu’un catholique fervent pourrait éprouver pour un des anges des peintres espagnols, si tout-à-coup la toile de Murillo ou de Vélasquez s’animait à la prière du malheureux qui l’implore. Le matin encore je ne rêvais que le désert et la vie sauvage… déjà ma misanthropie s’adoucissait à la vue de cet ange sauveur ; mais, je vous le jure, Paul, le sentiment qu’il inspirait à mon cœur brisé par une trahison si récente, n’aurait pu se traduire que par ce chaste regret : Pourquoi le ciel ne m’a-t-il pas accordé une sœur comme Dolorès ! ou par ce vœu plus chaste encore : la douleur m’a déjà bien vieilli sans doute ; mais que n’ai-je encore douze années de plus sur ma tête pour être consolé par une fille comme Dolorès !

Mademoiselle de l’Étincelle appela une jeune négresse qu’elle avait amenée de la