Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/343

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dont les fanfares paraissaient quelquefois un peu rauques à d’anciens hussards français.

Un mois après notre débarquement, nous nous mîmes en campagne. Je ne vous raconterai pas ici nos succès divers jusqu’à la défaite complète de Bénavidès à Chillan, vers la fin de décembre 1822 ; mais la guerre ne se termina réellement que lorsqu’il fut bien avéré que ce redoutable chef, arrêté dans sa fuite, avait subi la peine capitale.

Pendant ces dix-huit mois de batailles, j’avais combattu, il est vrai, sous les drapeaux d’un forban ; mais je pus du moins, pour prix de mes services, prévenir quelques uns de ces actes de férocité qui ont rendu le nom de Bénavidès si redoutable dans ces parages où son ambition sacrifiait amis et ennemis… D’ailleurs j’avais sauvé Dolorès, et j’avoue que cela suffisait à ma conscience, car j’avais contracté envers Dolorès une dette que je mettais au-dessus de toutes mes obligations en cette vie. Avec Dolorès affligée, avec Dolorès dans le deuil et les larmes, je ne m’étais plus souvenu que je n’aurais dû être qu’un frère pour elle ; lorsque je l’entendis m’avouer que sans son