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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/350

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bliques. Au milieu du silence de ses rues désolées, j’entendis cependant s’élever tout-à-coup des chants de fête, et le cortége d’une procession me força de m’arrêter avant d’être arrivé au palais de l’Intendance, où j’allais m’adresser pour savoir dans quelle maison Dolorès avait trouvé un asile. Je vis défiler deux rangs de jeunes filles vêtues de blanc, couronnées de fleurs, précédées de fifres et de tambourins qui jouaient les airs les plus gais de la musique chilienne. Hélas ! toute cette foule chantante et joyeuse conduisait un cercueil découvert, où une petite fille, âgée tout au plus d’une année, semblait dormir… Elle était morte, et c’est l’usage, dans les colonies espagnoles, de se réjouir ainsi de la mort d’un enfant qui expire avant sa septième année, parce que, vous dit-on, c’est une âme qui va se mêler aux chœurs célestes avec sa robe d’innocence pure encore des taches du péché. Quelque gracieuse, quelque poétique, quelque consolante que soit cette manière de considérer la mort d’un enfant, je sentis aux battements de mon cœur qu’un cœur de père peut être jaloux du ciel. Cet