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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/417

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sement de la liberté qu’elle lui a laissée ; mais il a reçu de la Havane une lettre dont il m’a lu quelques passages. La senora Dolorès ne lui cache pas ses larmes et son inquiétude. À peine avait-il mis le pied sur le bâtiment qui le ramenait en France, qu’elle se repentit d’avoir trop présumé de son courage. « Je serais auprès de vous, ajoute-t-elle, sans la maladie de mon fils Alphonse que je n’ai pas osé ni embarquer avec moi pour aller vous rejoindre, ni laisser souffrant loin de sa mère. Dieu soit loué de cet obstacle, puisque Alphonse est rétabli ; car en écoutant mon premier mouvement, je me serais peut-être croisée avec vous sur la mer, aimant à me persuader que vous aurez de votre côté abrégé votre voyage, et qu’au moment où je vous écris, le navire qui vous ramène est déjà en vue de la Havane. Aussi en quittant la plume, c’est pour aller au port chercher des yeux la voile que mes vœux impatients appellent toutes les fois que le vent peut lui être favorable. Mon ami, si, contre toutes mes prévisions, vous prolongiez votre séjour, ne vous étonnez pas de me voir arriver : ma place est partout où vous êtes. » Tu conçois d’après cette lettre, dont je ne te cite les expressions que de mémoire, de quelle perplexité le sacrifice de ta généreuse sœur est venu sauver un homme d’honneur, fatalement placé dans une situation à la fois odieuse et ridicule.

» M. de l’Etincelle n’est allé s’embarquer au Havre qu’après avoir assisté au mariage de son ami le général Mazade avec mademoiselle Laure de Rollonfort. Il a été un de ses témoins, l’autre était M. le chevalier de Faisanville, vieil émigré qui lui servit autrefois de second dans un duel, ce qu’il a rappelé à table