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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/48

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pire, depuis 1810 jusqu’en 1812, sans avoir pu revenir à Paris, où madame Beralier vivait dans une chaste retraite, lorsqu’un bulletin vint lui apprendre que son mari était mort glorieusement sur les bords glacés de la Bérésina. Le colonel fut pleuré par sa veuve pendant l’année d’étiquette ; mais au moment où elle s’y attendait le moins, la restauration ressuscita le défunt, qui n’était que prisonnier des Russes, et qui arrivant tout-à-coup à Paris trouva sa femme……

— Remariée ?

— Non, madame ; le mariage allait se conclure. Madame Beralier, après avoir porté le deuil, avait choisi pour successeur à son mari un garde du corps, qui s’empressa de céder la place au colonel. Mais celui-ci, sachant ce qui s’était passé, voulut invoquer la loi du divorce. Elle venait d’être abolie, grâces à M. de Bonald. Le colonel retourna chez les Russes, se contentant de dire qu’il préférait être prisonnier volontaire plutôt que mari malgré lui. Eh bien ! madame, voilà deux époux condamnés l’un à une prolongation d’exil, l’autre à une prolongation de veuvage : qu’est-ce que le divorce