Aller au contenu

Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme une amazone et combattre même dans l’occasion. Mais l’habitude du commandement lui inspira une ambition qui étouffa en elle tous les sentiments de la femme. Le partage de l’autorité ne suffit bientôt plus à la bégum. Elle conçut le projet de régner seule et de se débarrasser de Levassu. Elle fomenta contre lui de sourds mécontentements, lui fit faire de faux rapports sur les dispositions de ses troupes et chercha par tous les moyens à le dégoûter du pouvoir. Feignant elle-même le découragement pour le mieux tromper, elle était la première à rappeler à son mari les souvenirs de la patrie absente et se disait toute prête à le suivre en France s’il se décidait à s’y retirer. — Avec nos richesses, ajoutait-elle alors, ne serons-nous pas des princes là-bas comme ici ? dans votre pays du moins nous n’aurons pas à nous défier continuellement du lendemain. La sécurité manque à notre pouvoir. Ce n’est pas vivre que d’avoir sans cesse l’épée de la révolte suspendue sur nos têtes. — La bégum répétait ainsi adroitement ce qu’elle avait entendu dire à Levassu lui-même dans ses moments d’inquié-