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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/94

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périr. — Grâce ! grâce ! disait la pauvre petite. Mais le jongleur, sans pitié, la saisit, et, de peur qu’elle ne s’échappe, la couvre d’un panier d’osier. Pendant que l’enfant continue à pousser des cris étouffés, l’homme, toujours plus irrité, cherche sa longue épée. — Grâce ! grâce ! crie encore la voix sous le panier. Mais lui, sans miséricorde, plonge le fer à travers l’osier, à plusieurs reprises, et le retire sanglant. Les cris d’agonie font frémir les spectateurs ; quelques uns même s’élancent sur le panier et désarment le furieux ; mais le panier soulevé reste vide, et les rires succèdent à l’émotion tandis que la petite fille, qui avait disparu comme une muscade sous un gobelet, fait le tour du cercle une escarcelle à la main. Les offrandes de la foule lui prouvèrent que cette scène d’escamotage tragique avait été bien jouée.

— Eh bien ! me dit l’abbé Jouve, croyez-moi, mon ami, notre princesse eût été une plus habile comédienne encore que ce jongleur ; elle n’eût pas permis qu’on regardât sous le panier.

— Je ne prétends pas, quant à moi, me