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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/204

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PAR LES FEMMES.

— Que ton père, malheureux enfant, que ton pauvre père, qui depuis quatre ans dépérissait tous les jours, n’en a plus pour quarante-huit heures à vivre, qu’il meurt, le pauvre bonhomme, tué par le chagrin que lui a causé ta conduite !

— Vous dites !…

— Que je lui ai donné l’extrème-onction, hier soir, qu’il t’appelle, qu’il te réclame, qu’il se débat contre la mort qui l’étreint, pour avoir le temps de te voir, qu’il ne veut pas partir sans t’embrasser !… Comprends-tu bien maintenant pourquoi je suis venu !

— Papa !

Ce cri-là, déchirant, était parti du cœur, et Jacques, s’effondrant sur un fauteuil, le visage dans les mains, éclata en sanglots.

— À la bonne heure ! s’écria le curé. Je craignais tant… j’avais si peur !… Ah ! Dieu soit loué !… Tiens, ça va mieux, vois-tu, depuis que je t’ai entendu dire ce mot-là !… Et comme tu l’as dit !… Viens, mon fieu, viens dans mes bras !… Tu l’aimes donc encore, ton père !…

Depuis quatre ans, emporté dans le tourbillon de la vie parisienne, Jacques avait oublié sa famille. Il lui était bien arrivé quelquefois de sentir au cœur comme la morsure