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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/228

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PAR LES FEMMES.

Et, ayant approché un tabouret du clavier, il reprit le morceau.

Sous ses doigts habiles, les notes s’envolaient, nettes et légères, tantôt douces, tantôt fortes, habilement nuancées. Mieux soutenue, mieux guidée, la voix de la jeune fille était maintenant moins timide, plus franche, plus sûre d’elle-même et semblait s’abandonner sur les ondes mêmes de la mélodie.

Quand le morceau fut achevé, elle dit à Jacques.

— Vous possédez un véritable talent, Mon- sieur. Permettez-moi d’en être jalouse. Oh ! que je serais heureuse de pouvoir jouer ainsi ! Mais je n’y arriverai jamais. C’est un don, cela ne s’acquiert pas.

— Vous avez, Mademoiselle, de grandes dispositions et vous réussirez.

— C’est ce que l’on dit toujours aux gens que l’on veut consoler. Vous êtes aimable, mais je ne m’y trompe pas.

Elle s’arrêta, puis reprit tout à coup :

— Monsieur, vous m’avez demandé quelque chose, je vous l’ai aussitôt accordé. À mon tour, je vous prie de bien vouloir me jouer cette valse que je puis à peine déchiffrer et que