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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/284

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PAR LES FEMMES.

bien de gens pauvres sont aimés et respectés pour leurs vertus, et combien de riches ont tout pour être heureux, semble-t-il, si ce n’est cette amitié et ce respect, qui sont deux sentiments qu’on inspire et qu’on ne peut acheter.Il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de se refaire avec de l’argent une virginité d’honnêteté. Jamais l’on ne me convaincra que la richesse enfonce toutes les portes : la richesse n’enfonce que les portes qui veulent bien s’ouvrir devant elle. Mais, me direz-vous, ce sont précisément celles de la bonne société. — En êtes-vous sûrs ?

Ah ! sans doute, et je suis de votre avis, si vous persistez à donner le titre de bonne société à cette noblesse déclassée, parce que sans ressources et incapable, et à cette bourgeoisie surclassée, parce que trop rapidement parvenue, mondes étranges, qui, tout au haut de l’échelle sociale, se donnent la main et qui, cachant leurs vices honteux sous de riches manteaux, ne sont en réalité que le pendant de l’immonde tourbe, vêtue de haillons et grouillant en bas, dans la boue du ruisseau. C’est la misère qui a perdu les uns, c’est le luxe qui a pourri les autres, et ils ne font partie ni les uns, ni les autres de la bonne